“He had tied a bit of white worsted round his neck”: Focusing on Details in Heart of Darkness

There are only a limited number of objects in Heart of Darkness and they may at first glance look like details. A closer look reveals however that they are essential, not only because they create circuits of meaning throughout the novella which point at hidden aspects of colonialism but also because Conrad’s aesthetic strategy rests largely on these apparently unimportant objects – details through which the horror’s daily manifestations are made visible, details that may re-introduce the human element into the picture. This article analyses how a limited number of objects shed a revealing light onto the novella’s meaning. Two instances of particular importance (ivory and the white worsted round the dying black man’s throat in the “grove of death” scene) are analyzed in detail in order to show that what could not be conveyed through facts when the novella was first published is made sensible thanks to the disruptive presence of apparently insignificant objects. Drawing on postcolonial theory, art criticism and R. Barthes’s “punctum”, the paper underlines how focusing on details forces the readers to realize that the ethical and moral questions raised by the novella are questions that concern them directly.Les objets sont peu nombreux dans Cœur des ténèbres. Une lecture attentive montre pourtant qu’ils ne sont pas de simples détails mais les supports essentiels d’une circulation du sens qui met en lumière certains aspects cachés du colonialisme : ils sont essentiels à la stratégie esthétique de Conrad, dirigeant le regard du lecteur vers les manifestations de l’« horreur » qu’ils rendent visible, introduisant aussi de l’affect dans le discours de Marlow. Cet article analyse la manière dont un nombre limité d’objets jette une lumière révélatrice sur ce que raconte Marlow. Deux exemples (l’ivoire et les différents objets qui en sont composés, et le brin de laine autour du cou du jeune noir agonisant dans la scène du « bosquet de la mort ») sont abordés en détail de manière à montrer que ce que le roman ne dénonce pas directement est rendu sensible à travers la présence d’objets apparemment de peu d’importance dans la narration. S’appuyant sur la théorie postcoloniale, la place du détail en peinture et le concept de « punctum » emprunté à Roland Barthes, l’article étudie comment la présence de ces « détails » dirige le regard du lecteur vers les questions éthiques et morales soulevées par Cœur des ténèbres